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2 recits anecdotiques sur le Village des Ventes
Jeu 25 Mai 2017 - 22:53
[size=35]Les Ventes, un village normand sous le feu.[/size]
A première vu, le petit village des Ventes n’a pas grand-chose de particulier, comme tous les villages du nord de la France il a évidemment connu la campagne de 1940 (sans être bombardé ce qui est rare pour un village de cet époque) mais aussi la libération en 1944.
Mais quand on se penche un peu sur les lieux, quelques sinistres et romantiques anecdotes apparaissent, et elles sont dans notre cas si peu communes qu’elles doivent être racontées.
I) Situation
Les Ventes est un village en haute Normandie dans l’Eure à quelques km d’Evreux. Le département de l’Eure est souvent « l’oublié » du conflit, car il n’y aura pas ou peu de combats (en 1940 l’armée française est déjà anéantie avant que les allemands ne l’atteignent, en 1944 le front de l’ouest s’écroule a ses portes pour être directement refoulé sur le Rhin). Quelques tristes bombardements sur des civils en 1940, que nous avons déjà évoqué précédemment quand nous traitions de la commune de Vernon. Mais ce serai oublié les quelques escarmouches entre Rommel et les restes des armées alliés mais surtout la bataille d’Angleterre, ou de très nombreux terrain d’aviation ont été bâtie (ou réutilisé, notamment la célèbre base 105 a Evreux). D’ailleurs la commune des Ventes verra quelques combats aériens entre 1940 et 1944, avec de nombreux Messerschmitt tombé dans les champs environnant.
Egalement, dans l’Eure, la résistance s’organise rapidement, des 1940 on retrouve des actes de sabotages ou d’assassinat. Elle jouera un rôle clé dans la récupération des aviateurs britanniques tombés dans la région. Et les résistants furent relativement nombreux dans la région, notamment a l’approche du débarquement avec quelques 1050 Hommes en 1944 pour le seul arrondissement 4 (le secteur d’Evreux et de sa campagne), aux quels il faut ajouter plusieurs groupes de 500 a 1000 Hommes dans les communes plus petites.
Les ventes abritera alors plusieurs résistants, mais aussi a partir de 1944 des batteries de DCA allemandes de petit calibres.
II) L’aviateur perdu
Billie Dowe Harris est un jeune américain de 22 ans, il est engagé dans la 9eme Air Force dont le but est de soutenir les forces aux sols durant l’opération overlord et la campagne de Normandie.
Harris est un pilote de grande qualité d’après ses camarades, il obtiendra d’ailleurs une victoire aérienne au dessus du Luxembourg, ce qui lui vaudra d’obtenir une décoration.
Il pilote un P-51 mustang qu’il a surnommé « Mary Pat III » au sein du 354eme fighter group.
Il est marié à Peggy Harris, et autrefois ils vivaient dans une petite ville aux USA nommé Vernon. Mais le 17 juillet vers 19H, B.Harris ne reviendra pas de mission, après seulement 6 semaines de mariage…
Il a en effet été abattu par la Flak allemande installée dans le village des Ventes. Il reçu une balle dans le dos, qui le tuera après quelques secondes, secondes qui lui permettent de redresser l’avion et d’éviter le village. Son chasseur va s’écraser dans la foret juste a coté. Le malheureux pilote est effectivement retrouvé mort par les locaux (d’abord un jeune homme, puis plusieurs personnes). Alors les habitants décident de rapidement emmener le corps du pilote pour aller le cacher des allemands. Il est quelques temps après, enterré dans le cimetière communale, a coté des victimes civiles du bombardement américain du 22 mai 1944 qui avait touché le village et fait 12 morts.
Sa plaque et quelques effets personnels (dont une photo de lui et sa femme) sont conservés par les habitants.
De son coté, Peggy reçoit une première lettre indiquant que son mari est porté disparu. Puis quelques semaines plus tard elle reçoit un second courrier indiquant qu’il va bien et qu’il rentrera a la maison … Puis la jeune veuve reçoit 2 lettres indiquant que son mari a bien été tué au combat mais les 2 lettres indiquent qu’il serai enterré dans 2 endroits differents. Apres quelques reclamations on explique a la pauvre femme que ce n’est peut être pas son corps qui est enterré la bas. En effet entre 1944 et 1947, le corps du jeune homme est déplacé 2 fois pour se retrouver au cimetiere de Colleville, sans que Peggy ne puisse savoir ou son mari se situe (sans même savoir s’il est véritablement mort).
Mais P.Harris n’en reste pas la, elle patiente et recherche, mais cela prend du temps … énormément de temps. Malgré tout elle ne baisse pas les bras et encore plus émouvant elle reste fidèle à son mari décédé.
C’est en 2005, après avoir écrit à Thornberry, un représentant local a Vernon, qu’elle obtient enfin une réponse, soit plusieurs décennies plus tard. Thornberry explique que sur NARA, Harris est inscrit comme « MIA », missing in action.
Aidé par le cousin de Billie, les recherches se poursuivent, et nouveau coup de théâtre, Peggy apprend qu’en fait Thornberry lui a menti, il est bien reporté comme KIA sur NARA.
Elle apprend enfin, cette même année que son mari est enterré a Colleville, après 61 ans de recherches, de déception et d’incompréhension. Elle envoie alors des fleurs, 10 fois par an pour fleurir sa tombe, avant de pouvoir entreprendre le voyage jusqu’en Normandie. Les responsables du cimetière parlent de « la tombe la plus fleuri du cimetière ». Elle parvient enfin a aller voir la tombe (elle s’y rendra alors plusieurs fois, aidé par le cousin de Billie).
Elle entreprend alors d’aller voir le village des Ventes. A sa plus grande surprise, elle découvre que la place du village est nommé « Billie D. Harris », son nom est inscrit sur le monument au mort communal, et plus émouvant encore sa première tombe est encore présente dans le cimetière, parfaitement entretenu. Son nom est prononcé, depuis 60 ans, durant les commémoration, en même temps que ceux des résistants français tué dans le village. Billie Harris représente quelque chose de vraiment particulier et de difficile a décrire avec des mots, je pense que le passage de la vidéo que je vous mets en lien ou l’on entend la maire prononcer son nom en dit long sur le symbole de l’aviateur. Quand Peggy arrive pour la première fois dans le village, elle retrouvera même l’une des personnes qui a récupéré ses effets personnels et qui a participé a son enterrement. On ne peut que s’émouvoir devant cette tragique histoire qui aujourd’hui lie Peggy et les habitants du village.
III) « La mère Alberte »
Apres le 6 juin 1944, les activités de la résistance n’ont cessé de croître, dans un but évident de participation à la libération du territoire. Evreux n’échappera bien évidemment pas à la règle, s’agissant d’un important carrefour routier (reliant Rouen, Caen et Lisieux entre autre) mais aussi pour la base aérienne (vu plus haut).
Mais évidemment, les FTP de l’arrondissement ne se cachaient pas dans la ville même, car bien trop dangereux. C’est ainsi que le chef d’arrondissement André Stouls, décide de venir s’abriter avec son groupe (secondé par Gaston Levrette) dans le petit village des Ventes qui connaissait déjà quelques résistants (pour une population d’environ 300 habitants). L’un d’eux indiquant la maison d’une vieille femme qui s’est déjà montré par le passé une ardente résistante « de tous les jours » n’hésitant pas a tenir tête aux allemands. Alberte Lannesval, va accueillir avec grand plaisir et enthousiasme les résistants, a qui elle prête sa ferme. Mais le 14 août, un groupe de répression SS repère le poste de commandement des résistants. Ces derniers s’enfuient, laissant derrière eux la pauvre femme, qui ne voulait pas ralentir les jeunes résistants dans leur fuite. Déjà très courageuse, elle va faire preuve d’une volonté de fer, quand les allemands arrivent. Quand le Feldwebel l’interroge elle répond évidemment que depuis la « mort de son défunt mari » elle vie seule. Mais quand les allemands trouvent le poste radio, la pauvre femme est rouée de coups, malgré son age. L’officier allemand commence à perdre patience, d’autant plus qu’un des résistants est attrapé quelques minutes plus tard, c’est Gaston Levrette. Ce dernier est lui aussi roué de coups, puis attaché à un arbre. Malgré les sévices, Gaston ne dit pas un mot, mieux il ne pousse aucuns cris.
Mais la torture ne s’arrêtera pas la, les allemands vont continuer a se défouler sur les 2 résistants, jouant avec la « mère Alberte », l’obligeant a cuisiner pour eux et a les servir avant de la battre de nouveau. La lente exécution se poursuit durant 2 jours, Gaston ne reçoit ni eau ni nourriture.
Devant son silence, les allemands perdent définitivement patience, ils le détachent, le jette dans un troue et l’enterre vivant dans la foret. Quand a elle, la courageuse Alberte subit de nouveau les coups des allemands, avant d’être pendu a une poutre (et par la même occasion fusillée pour mettre fin a la scène).
La ferme est brûlée, s’en est fini, les alliés libéreront le village quelques semaines plus tard.
La vaillante femme est enterrée près de ses camarades résistants mais aussi a coté d’un frère d’arme indirecte : B.D.Harris (bien que son corps ne soit plus dans le cimetière communal).
IV) Conclusion
La bataille de Normandie s’achèvera après la fermeture de la poche de Falaise et la traversé de la Seine pas les alliés. La Normandie compte ses morts et prépare la reconstruction, les combats ont été violent et ont marqué a jamais la région.
Pour le petit village des Ventes, la vit reprend, malgré les terrible perte qu’il a subit. Il aura connu bien des combats et des tragédies (plusieurs Messerschmitt tombés dans les champs alentours également). La manière dont le village commémore cette terrible période est très belle et émouvante, chaque année c’est tout le village qui se rassemble, avec parfois M. Harris qui les honore de sa présence, profitant de cette occasion, l’école primaire local sensibilise les jeunes au devoir de mémoire. C’est ainsi, grâce a cet excellent travail de mémoire, que les habitants sont pour la grande majorité, sensible a cette période et n’oublie pas les dramatiques événements de l’époque, un exemple a suivre pour toutes les communes.
Je remercie pour cette article ma Candice Cabaret pour l’aide précieuse fournie.
(PS : encore une fois desolé du manque de presence, je fais avec le temps que je possede mes amis, vivement les vacances)
images :
1)situation des Ventes en normandie
2)le monument aux morts place Billie Harris
3)plaque du monument aux morts avec le nom de l'aviateur americain
4)tombe d'Alberte Lannesval
5)//
6)tombe de Billie D. Harris
7)tombe d'un autre resistant du village
8)carte plus precise des Ventes
- InvitéInvité
Re: 2 recits anecdotiques sur le Village des Ventes
Jeu 25 Mai 2017 - 22:56
comme promis le lien de la video : https://www.youtube.com/watch?v=-LWwEg_uQnU
- novi62_filsResponsable recrutement [REM] - Communauté Gaming
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Re: 2 recits anecdotiques sur le Village des Ventes
Ven 26 Mai 2017 - 14:20
l'histoire du corps du pilote déplacé plusieurs fois m'est familière, tu avais déjà fait un article dessus non ?
Hommage à eux, victimes de la cruauté SS
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